construction pisé
Construction maison pisé
Le pisé est un système constructif en terre crue, comme la bauge ou le torchis. On le met en œuvre dans des coffrages, traditionnellement appelés banches. La terre est idéalement graveleuse et argileuse, mais on trouve souvent des constructions en pisé réalisées avec des terres fines.
Le pisé est une technique ancienne, qui a connu un regain d’intérêt dans le monde occidental suite aux travaux de François Cointeraux (XVIIe siècle) sur le sujet. Ses ouvrages ont été traduits et diffusés dans le monde entier. En France, on trouve une grande quantité de bâtiments ruraux en pisé datant des XVIIIe, XIXe et début du XXe siècle dans la région Rhône-Alpes : Isère, vallées de la Saône et du Rhône, Bresse, la Loire, etc.
Les savoir-faire ont maintenant presque entièrement disparu, malgré un regain d’intérêt pour le matériau terre au bilan écologique exceptionnel (voir les bâtiments récents dans le Nord-Isère construits par Germes de Terre). Des architectes et plasticiens contemporains utilisent également le pisé : Rick Joy, David Easton, Martin Rauch, Kengo Kuma.
Les murs de pisé non recouverts de crépi laissent souvent voir en France les couches de mortier (sapines) qui servent à améliorer la cohésion entre les différentes banchées. Dans d’autres régions, il n’y a pas de liants entre les différentes banchées (comme au Maroc par exemple). Sur certains murs en pisés, les couches de mortier rapprochées (moins de 50cm d’écart) que l’on peut voir ont un autre rôle. Elles sont disposées uniquement sur les bords du banchage en même temps que la terre soit pour améliorer la résistance à l’érosion de la surface du mur (comme dans les coins de la construction en photo ci-contre), soit pour améliorer l’accroche de l’enduit. On y voit aussi souvent les trous (les clefs) qui servaient à la fixation de l’échafaudage et des banches.
Le lambda, coefficient de transmission thermique (noté λ) du pisé étant de 0,8, il ne peut être considéré comme un bon isolant, puisque la plupart des isolants thermique ont un lambda de 0,04. La plupart des murs en pisé faisant 60 cm, on arrive à une résistance thermique (noté R) de 0,75. À comparer à 20 cm d’un isolant avec un lambda de 0,04, qui donne alors un R de 5, on se rend compte que la qualité isolante du pisé n’est pas très bonne.
La capacité thermique du pisé est par contre intéressante, de l’ordre de 500Wh/m3°C[2]. Les murs vont alors servir à stocker de l’énergie pendant les journées ensoleillées, et la restituer la nuit, au moment le plus froid de la journée.
Sa perspirance, capacité à réguler la vapeur d’eau, est aussi excellente (μ de 10), et un mur en pisé se gorgera d’humidité pour éliminer le surplus dans l’habitat, et la rendra si elle vient à manquer.
Une attention particulière doit être apportée au drain, puisqu’il canalise et évacue les eaux de ruissellement. Il protège les fondations des variations d’humidité.
Le mur de soubassement sert à protéger le pisé de l’humidité des sols. Il faut en effet le couper de toutes eaux, qu’elles soient stagnantes, capillaires ou rejaillissantes (éclaboussements). La hauteur du mur varie donc en fonction de la pluviométrie de la région[3]. Dans les constructions récentes avec mur de soubassement en béton celui-ci sert aussi de chaînage bas.
Le débord de toiture sert également à protéger des intempéries les murs en pisé et les enduits.